Un sous-marin de la Royal Navy identifié lors d’un incident avec un ferry

La Direction britannique des enquêtes sur les incidents de mer [NDLR : équivalent du BEA Mer français] a publié un rapport sur un accident évité de justesse en 2018 entre un sous-marin de la Royal Navy et un ferry pour passagers. Si le ferry est nommément désigné, ce n’est pas le cas du sous-marin. Les photos du mât permettent cependant d’identifier le type de sous-marin impliqué.

Le mât correspond à celui d’un SNLE de la classe Vanguard. Richard W. Stirn, expert en matière de sous-marins, l’a identifié comme étant le mât optronique CK51 fabriqué par Thales et équipant les SNLE de type Vanguard. Les autres sous-marins de la Royal Navy, type Astute ou Trafalgar, ont des mâts différents.

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La photo, prise du ferry, montre le périscope du sous-marin

Reconnaître un sous-marin en se basant uniquement sur son mât est une compétence utilisée par les marines. Si vous imaginez que vous êtes dans un avion de patrouille maritime, les mâts pourraient être la seule partie visble du sous-marin ennemi. Cette même compétence peut être appliquée ici.

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schéma de l’arrangement des mâts d’un sous-marin de la classe Vanguard de la Royal Navy

L’incident impliquait le ferry Stena Superfast VII, qui assurant la liaison Belfast (Irlande du Nord) – Cairnryan (Écosse). Le rapport conclut : « Cet incident s’est produit parce que le sous-marin a surestimé la distance du ferry et sous-estimé la vitesse de ce dernier. » Le sous-marin effectuait une remise en condition, ici orientée sur la sécurité, habituelle avant déploiement.

La zone où s’est produit l’incident sous-marin est connue sous le nom de zone Beaufort [ NDLR : Accès Nord à la mer d’Irlande]. Le ferry avait 215 passagers et 67 membres d’équipage à bord. L’équipage normal du sous-marin est de 130 hommes. Les deux navires se sont dangereusement rapprochés à moins de 250 mètres l’un de l’autre.

Les SNLE de la classe Vanguard, -surnommés « bombardiers », assurent la dissuasion nucléaire de la nation.L’un au moins d’eux est continûment à la mer et ce depuis 50 ans : c’est ce qui est exprimé par l’acronyme CASD (dissuasion continue à la mer).

Le sous-marin de 17 500 tonnes peut emmener jusqu’à 16 missiles balistiques intercontinentaux Trident-II D5. Les détails exacts sur ces missiles sont classifiés, mais ils sont connus pour avoir une portée supérieure à 7500 miles et emporter plusieurs ogives nucléaires. Pour mettre en perspective la puissance de feu du sous-marin, celle-ci est considérée comme suffisante pour dissuader d’autres pays de lancer une attaque nucléaire. En d’autres termes, la frappe de représailles de ce seul sous-marin serait d’un coût inacceptable pour l’attaquant.

Ce n’est pas la première fois que l’un des sous-marins Vanguard connaît pareille mésaventure.. En février 2009, le HMS Vanguard, premier de série, est entré en collision avec le SNLE français Le Triomphant. Les deux sous-marins étaient en plongée et leur extrême discrétion a pu justifier qu’ils ne soient point détectés. Les deux bâtiments s’en sont sortis relativement indemnes. Les incidents sous-marins sont heureusement rares. Les conséquences étant potentiellement graves, des enquêtes comme celle-ci, essentielles, témoignent du sérieux de la prise en considération. Les risques pour le sous-marin sont équivalents voire supérieurs à ceux du ferry. L’ aperçu, même fugitif, des mâts, a permis de savoir quel type de sous-marin était impliqué.

source: Forbes