Un peu d’histoire : Le sous-marin Type-XXI

Le sous-marin Type-XXI de la Kriegsmarine, connu sous le nom d' »Elektroboot », est apprécié, à juste titre, comme le sous-marin le plus moderne de la Seconde Guerre mondiale. Plus fin de lignes et plus discret que tout autre sous-marin, il disposait d’avancées sur les plans technique et de l’emploi. Il est considéré comme le premier « vrai sous-marin » car conçu pour rester principalement en plongée.

Les U-boot allemands (Unterseeboot – sous-marin) ont été particulièrement efficaces au début de la guerre. Mais les alliés avaient mis au point des défenses de plus en plus efficaces (notamment en brisant les codes Enigma allemands). Ainsi, à la fin de la guerre, les flottes de sous-marins de la Kriegsmarine étaient décimées. Avec le Type-XXI amélioré, les allemands espéraient retrouver leur suprém atie en haute mer.

Un aspect moins connu est qu’il devait être équipé d’un système d’engins anti-navire à tir vers le haut.


Esquisse de l’US Navy du Type-XXI, probablement réalisée à des fins de renseignement pendant la Seconde Guerre mondiale. Photo de l’US Navy (Naval History and Heritage Command).

Jusqu’à ce jour, les sous-marins avaient surtout opéré en surface, notamment lors de longs transits. Le Type-XXI utilisait son schnorchel (une invention néerlandaise) pour rester en plongée même lorsqu’il fonctionnait avec ses moteurs diesel – le schnorchel fournissait de l’air aux moteurs. Les sous-marins allemands l’utilisaient des depuis un certain temps, mais, sur le Type-XXI était intégré dans le massif pour réduire la traînée.

la navigation au schnorchel améliorait considérablement la discrétion du sous-marin face au radar sans interdire totalement la détection du schnorchel. Les Allemands ont donc ajouté un récepteur dipôle au sommet de celui-ci pour avertir des émissions radar ennemies. Cela permettait potentiellement au sous-marin de rentre l e mât avant d’être détecté par l’avion ou le navire.


Type-XXI. photo : WW2 Weapons

Le schnorchel n’était pas le seul moyen pour le sous-marin de rester plus longtemps en plongée. L' »Elektroboot » avait beaucoup plus de batteries que les sous-marins précédents.

Le projet Ursel

Le Type-XXI était destiné à être équipé d’un système d’engins antinavires à tir vers le haut. Ce système à courte portée aurait assuré l’autodéfense contre les destroyers et autres navires d’escorte. Une série de roquettes ont été testées à partir de 1943, certaines avec une technologie originale, mais le système n’était pas prêt avant la fin de la guerre. Les portées variables atteignaient 220 mètres (720 pieds) et des vitesses allant jusqu’à 60 mètres par seconde (116 nœuds).

Certaines sources suggèrent que le système serait installé dans un lanceur quadruple déployable sur l’avant du massif. Celui-ci serait orienté vers sur la cible et automatiquement tiré par le système d’armes associé au sonar « Sp-Anlarge ». Cependant, une configuration de tir arrière semble plus logique car les destroyers s’approchaient généralement par l’arrière. Un indice est que le tour, qui se trouve dans le compartiment arrière, peut avoir été installé à sa place sur les navires construits.

Le tour (rouge) aurait apparemment été installé à la place du système Ursel

Poste torpilles

Les premiers sous-marins avaient tendance à utiliser la salle des torpilles comme logement de l’équipage. Cela réduisait le nombre de rechargements de torpilles et rendait le chargement des tubes plus lent. Le poste torpilles du Type-XXI était dédié aux armes avec un nombre maximum d’armes. Il y avait 17 postes de repos (8 de chaque côté et une dans l’axe. Cela permettait l’emport de 20 torpilles (3 de postes de repos restant vides pour permettre le transfert des armes dans les tubes). En comparaison, le premier sous-marin de type VII avait 14 torpilles, y compris un poste torpilles arrière. Les sous-marins de la classe Tench de l’US Navy transportaient jusqu’à 27-28 torpilles, mais celles-ci étaient beaucoup plus grosses et disposaient également d’un poste torpilles arrière.

Les torpilles étaient placées sur des rances légèrement inclinées vers le bas pour s’aligner sur les tubes eux aussi inclinés vers le bas. Le rechargement était assisté mécaniquement et pouvait être effectué assez rapidement.

Spécifications

  • Déplacement : 1 621 tonnes en surface, 1 819 tonnes en plongée
  • Longueur : 76,7 m
  • Diamètre : 8 m
  • Tirant d’eau : 6,32 m
  • Vitesse : 15,6 nœuds en surface, 17-18 nœuds en immersion
  • Immersion maximale : 135 mètres
  • Rayon d’action en surface : 15500 milles nautiques (Nq) à 10 nœuds sur 2 moteurs ; 11150 Nq à 12 nœuds (vitesse maximale soutenue) sur 2 moteurs.
  • Rayon d’action immergé : 285 Nq à 5 nœuds sur batteries. 170 Nq à 8 nœuds sur batteries. 110 Nq à 10 nœuds sur batterie.
  • Propulsion : 1 moteur diesel de 580 cv, 1 générateur diesel de 580 cv, 1 moteur électrique principal de 1400 cv et 1 moteur électrique discret de 70 cv
  • Equipage : 57 hommes
  • Armement : 6 tubes lance- torpilles de 533 mm (21″) avec un total de 20 torpilles. Un canon bitube de 30 mm en tourelle avec 3800 munitions.

Technique

Une tranche arrière inachevée d’un type XXI avec deux moteurs diesel Man, dont un déjà embarqué. Crédit photo US Navy (Naval History and Heritage Command).

Le Type-XXI était équipé de deux moteurs diesel Man M6V40/46 à 6 cylindres et 4 temps. Ceux-ci étaient initialement prévus pour être suralimentés, mais il semble qu’ils n’aient pas été installés en fin de compte. Les diesels entraînaient deux lignes d’arbres qui pouvaient également être actionnées par des moteurs électriques, comme c’était le cas à l’époque. Cependant, deux moteurs électriques de 113 H.P GV323/28 ont été installés. Ces moteurs plus discrets étaient appelés « moteurs rampants » et permettaient de fonctionner à des vitesses très faibles

Destin

Relativement peu de types XXI ont été construits avant la fin de la guerre et le type est arrivé trop tard pour faire une différence dans le résultat. Un seul type-XXI, le U-2511 – Commandant Adalbert Schnee (*)-, a effectué une patrouille de guerre : il était en mission au jour de la fin des hostilités.

Les coques et matériels associés qui ont été achevées, inévitablement peut-être, n’ont pas été construites avec une grande qualité. Et il est clair que la conception a connu quelques problèmes de jeunesse. Mais quelques coques ont été acquises par chacune des puissances victorieuses. Celles-ci ont été soumises à des essais approfondis. Quelques-unes ont servi dans ces marines , comme le Roland Morillot de la Marine française. L’URSS en a également exploité certaines pendant quelque temps.

L’U-3008 capturé a été étudié et testé par la marine américaine

Malgré une certaine inertie organisationnelle (pas conçu ici ! pas comme nous pensons qu’un sous-marin devrait fonctionner), de nombreuses leçons ont été tirées du bateau. Les nouveaux sous-marins construits après la Seconde Guerre mondiale ont été fortement influencés par le type XXI. Le plus souvent cité était le type 613 ou WHISKY, mais de nombreux autres s’en sont inspirés.

(*) : Adalbert Schnee sera le président de l’association des anciens sous-mariniers allemands et à l’origine, avec l’AGASM, des rencontres internationales de sous-mariniers.

Source : HI Sutton