SNA SUFFREN, le sous-marin français qui change la donne.

Dans le cadre de la couverture officielle d’Euronaval 2020 pour Naval News, le célèbre expert des sous-marins H I Sutton « jette un œil » sur la nouvelle classe de sous-marins Suffren et explique pourquoi elle changera la donne pour la marine française.

Six nouveaux sous-marins d’attaque formeront l’avant-garde de la Marine Nationale pour les décennies à venir. Développé dans le cadre du programme Barracuda, le bateau tête de série de la nouvelle classe, le Suffren, devrait rejoindre officiellement la flotte l’année prochaine. Ces nouveaux sous-marins offriront un saut de capacité énorme par rapport aux bateaux actuels de classe Rubis.

Parmi les améliorations, la classe Suffren sera armée d’un plus large éventail d’armes. Les dernières torpilles lourdes F-21 fourniront le noyau anti-sous-marin et antinavire. Ces armes à propulsion électrique utilisent des batteries lithium-ion rechargeables pour les tirs d’entraînement et des batteries « une fois » à l’oxyde d’aluminium et d’argent pour les tirs de combat Avec une vitesse de plus de 50 nœuds, elles peuvent atteindre des cibles à plus de 27 milles marins (50 km).

L’autre nouvelle arme emportée sera le Missile de Croisière Naval ( MdCN). C’est globalement l’équivalent du Tomahawk (LACM). Ceux-ci offriront à la classe Suffren une capacité de frappe stratégique. Leur portée permettra des attaques de cibles terrestres bien à l’intérieur du territoire ennemi, une capacité dont peu d’autres marines disposent.

L’emport d’armes sera complété avec la mine FG-29 et le missile antinavire Exocet SM39. Les deux arment déjà les sous-marins français.

À l’avenir, des drones sous-marins de la taille d’une torpille pourront également être embarqués. Le nouveau type D-19 de Naval Group répondrait parfaitement au besoin. Ils sont à même de couvrir un large éventail de missions, de renseignement, surveillance ou la reconnaissance (ISR), de guerre électronique (EW), de lutte anti-sous-marine (ASW), de mouillage de mines avec une capacité de détection de mines (MCM).

Ce n’est pas seulement ce large éventail d’armes qui distinguera ces bateaux. Les mâts à capteurs ultramodernes de Safran Electronics & Defense sont une autre modernisation d’importance. Ils sont tous non pénétrants, ce qui signifie qu’ils ne pénètrent pas dans la coque épaisse. Cela rendra le sous-marin plus sûr en cas de collision à immersion périscopique. Cela signifie également que le CO n’a plus à être, comme jadis, à la verticale du massif. Dans le cas du Suffren, il est plus sur l’arrière.

Le CO est beaucoup plus grand que sur les anciens sous-marins. Le commandant est assis à l’arrière avec une excellente vue sur les dix consoles multifonctions. Le milieu du CO , là où se trouvaient les puits de périscope, est désormais occupé par une table tactique à écran tactile.

Parmi les missions qui peuvent être pilotées à partir du CO figurent le débarquement des forces spéciales. La Marine Nationale a une forte tradition des opérations spéciales navales et a été pionnière sur de nombreux aspects de ces opérations. Ainsi en était-il déjà des « Valises » pour nageurs de combat. [NDLR :Les sous-marins de type Narval ou Agosta en furent des « metteurs en œuvre » de qualité]

La Marine Nationale a perdu cette capacité avec le retrait des sous-marins de classe Agosta il y a vingt ans. Mais la classe Suffren fait partie d’une nouvelle génération de sous-marins occidentaux avec des capacités d’opérations spéciales envisagées dès la conception. Ils disposent d’un sas pour les nageurs de combat et une « valise sèche » peut être posée directement dessus . À l’intérieur peut se trouver le propulseur sous-marin de dernière génération (PSM3G).

La classe Suffren est plus qu’une itération de la classe Rubis. De plus grand déplacement il sera à même d’assumer un bien plus large éventail de missions.

source: NavalNews par HI Sutton