Projets de sous-marins britanniques non construits après la classe Trafalgar

Aujourd’hui, l’Astute est l’un des sous-marins d’attaque les plus impressionnants et les plus reconnaissables qui soient. Mais comment a-t-il vu le jour ? Cet article présente les plans de sous-marins non construits qui retracent l’histoire de la classe Trafalgar à la classe Astute.

SSN20 / Classe W

Dans les années 1980, au plus fort de la guerre froide, la Royal Navy voulait un nouveau sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire pour succéder à la classe Trafalgar. Face à des sous-marins soviétiques de plus en plus silencieux (ALFA, VICTOR-III, SIERRA, AKULA,..), les exigences ont évolué dans une direction similaire à celle de la classe Seawolf de la marine américaine.

Le projet avait pour nom SSN20. Cela correspondait bien au programme SSN-21 de la marine américaine, aujourd’hui connu sous le nom de classe Seawolf. Mais il s’agit d’une coïncidence car, si le SSN20 fait référence au premier d’un type et le 20ème sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire, le SSN-21 fait référence au 21ème siècle.

Le SSN20 était contemporain du programme SSN-21 de la marine américaine, désormais connu sous le nom de classe Seawolf. Ils ont été conçus pour relever des défis similaires. Comme le montre cette illustration des années 1980, la classe Seawolf possède une coque résistante de très grand diamètre. Le SSN20 devait être plus grand que le Trafalgar, mais beaucoup plus petit que le Seawolf.

La capacité de combat globale devait constituer une amélioration majeure de la classe Trafalgar, avec un nouveau sonar et un nouveau système de combat. Les armes devaient être plus efficaces. de là la torpille Spearfish, ainsi qu’un système de pompe à turbine à air pour le lancement des armes. Ce dernier avait été développé pour les sous-marisn classiques de la classe Upholder.

Un nouveau réacteur nucléaire était également prévu : le PWR2 en cours de développement pour la classe Vanguard. Cela nécessitait une coque de épaisse de plus grand diamètre qui devait être fabriquée dans un nouveau type d’acier pour une plus grande immersion. Les barres de plongée devaient offrir une meilleure agilité. Cela signifiait qu’il fallait pouvoir les contrôler indépendamment et adopter des commandes électriques ( dits fly by wire) .

La classe sera désignée par la lettre « W », une tradition de la Royal Navy selon laquelle tous les bateaux d’un classe ont une même initiale. Cette tradition était appliquée depuis les années 1930 et s’était transformée, à la fin de la guerre froide, en une marche séquentielle à travers l’alphabet. La lettre « W » était la suite logique des sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) de la classe « V ».

Nous pouvons supposer que le sous-amrin tête de série aurait pu s’appeler HMS Warspite. Il s’agit d’un nom baptême important pour la Royal Navy, un nom de forte tradition. Un HMS Warspite était déjà en service lorsque la classe a été baptisée, mais il devait bientôt être désaffecté. Parmi les autres noms historiques de navires de la Royal Navy commençant par W, citons Walrus, Wasp, Watchful, Whirlwind, Wild Boar, Wizard, Wolf, * et Wolverine*. Personnellement, j’aime bien la « classe Wizard », qui me semble très appropriée.

Classes de sous-marins de la Royal Navy de la guerre froide dans l’ordre alphabétique :

  • A – Classe Amphion. Modèle de sous-marin de la Seconde Guerre mondiale utilisé jusque dans les années 1970.
  • E – Classe Explorer. Sous-marins expérimentaux ‘AIP
  • P – Classe Porpoise. Sous-marin classique du début de la guerre froide
  • – Classe Oberon. Amélioration de la classe Porpoise. Principale classe de sous-marins classique dela guerre froide.
  • D – HMS Dreadnought. Premier sous-marin nucléaire.
  • V / W – Classe Valiant. Successeur du Dreadnought. Seuls deux sous-marins ont été construits, le W étant utilisé pour le deuxième bateau, le HMS Warspite.
  • C – Classe Churchill. Également classé dans la catégorie V pour Valiant.
  • R – Classe Resolution. Les premiers sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Royal Navy.
  • S – Classe Swiftsure. Sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire très amélioré.
  • T – Classe Trafalgar. Successeur de la classe Swiftsure
  • U – Classe Upholder. Sous-marin classique de la fin de la guerre froide, destiné à succéder à l’Oberon.
  • V – Classe Vanguard. SNLE de la fin de la guerre froide.
  • W – Successeur prévu de la classe Trafalgar.
  • A – Classe Astute

SSN(R) – nom actuel du programme du prochain SSN de la Royal Navy.

Notez que cette tradition sera rompue avec les nouveaux SNLE de la classe Dreadnought qui auront un mélange d’initiales : Dreadnought, Valiant, Warspite et King George VI.

classe Trafalgar Batch 2 : La malédiction des dividendes de la paix

L’URSS s’écroule le 25/26 décembre 1991. Pour beaucoup, c’était un cadeau de Noël. Il s’ensuivit des réductions dans le domaine de la défense, ce que l’on a appelé les dividendes de la paix. Et cela a entraîné des changements dans le programme des sous-marins SSN20. Les redoutables sous-marins soviétiques qu’il était censé contrer n’étaient plus des adversaires et étaient en nombre moindre. C’était une période sombre pour les forces sous-marines des deux bords.

D’autres programmes de sous-marins de la Royal Navy ont également souffert. La classe Upholder est annulée et les quatre premiers bateaux retirés du service (ils seront ensuite vendus au Canada sous le nom de classe Victoria). Dès lors les forces sous-marines de la Royal Navy seraient nucléaires.

Pour le SSN20, l’accent était désormais mis sur la réduction des coûts, et des risques et sur un affichage politique. Le nouveau nom privilégié, B2 TC, qui signifie « Batch 2 Trafalgar Class », en est un indice. Il devait être moisn important en déclinaison d’une classe existante. C’était à moitié vrai, car lon repartait de zéro . En effet la technologie avait évolué depuis la construction des Trafalgar et le réacteur comme la coque restaient ceux de la classe W.

Le B2-TC ressemblait beaucoup à une classe Trafalgar agrandie. Il s’agissait toujours d’une conception impressionnante, mais d’un progrès bien moindre.

En matière d’évolution des sous-marins, les dividendes de la paix ont été une malédiction. L’annulation de projets, les réorganisations entre les ministères de la Défense et l’Industrie, avec les suppressions d’emplois qui en découlaient, ont entraîné des ruptures dans la conception et la production. Cela a également conduit à son tour à de graves pertes de compétences. La construction de la classe Astute, devenue SSN20, a été plus difficile qu’attendue. La leçon à tirer est que la construction de sous-marins nécessite une continuité pour éviter une perte de connaissances.

Au fil du temps, les exigences se sont accrues et, lentement (il ne semble pas y avoir eu une grande précipitation), le sous-marin est devenu beaucoup plus grand et plus coûteux. Les navires de la classe Astute sont très impressionnants, mais il faudra peut-être leur consacrer un autre article .

Source : HI Sutton traduit avec DeepL