Le sous-marin suédois A-26 offre de nouvelles possibilités pour la guerre sur les fonds marins

Les nouveaux sous-marins suédois du type A-26 Blekinge ont été conçus pour des missions secrètes. Traditionnellement, elles sont le fait des  forces spéciales et relatives à  la collecte du renseignement. Aujourd’hui, alors que les marines se tourne vers le combat sur les fonds marins, le sous-marin suédois pourrait trouver un nouveau créneau,  Un créneau auquel sa conception l’a particulièrement adapté.

L’attaque du 26 septembre contre les pipelines Nord Stream à l’ouvert de la Suède et du Danemark est un signal d’alarme pour les marines occidentales. La guerre des fonds marins, dont on faisait peu de cas sur les transparents des études  d’état-major dans les 20 dernières vingt années, devient maintenant réalité. .

La force sous-marine de la Suède et, particulièrement le futur A-26  Blekinge, pourrait être très utile. Et, heureusement pour l’OTAN, il  est intrinsèquement bien adapté.

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Le A-26 est parfaitement adapté au combat sur les fonds marins. Son « hangar » dit compartiment pour charge utile variée peut emporter des drones sous-marins ou récupérer des objets posés sur le fond

Des opérations Ivy Bells aux câbles sous-marins

La guerre des fonds marins n’a rien de nouveau. Depuis les premiers jours des sous-marins, certaines missions en comportent des aspects. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les mini sous-marins  britanniques X-craft ont été utilisés pour couper les câbles de communication japonais. Et faute ce serait de ne pas mentionner l’opération Ivy Bells, la mission de la guerre froide de la marine américaine visant à mettre sur écoute les communications soviétiques. De même le SBS britannique a utilisé des sous-marins diesel pour récupérer les dispositifs d’écoute soviétiques posés au large du Royaume-Uni. Dans les années 1980, c’est au tour des Suédois d’être de la partie , considérant de nombreuses incursions présumées de sous-marins soviétiques dans leurs eaux.

À l’époque, la guerre des fonds marins était axée sur les infrastructures militaires telles que les réseaux de capteurs anti-sous-marins et les câbles de communication. Cependant, les choses ont changé depuis la guerre froide. La quantité de matériels posés au fond de la mer a augmenté et comprend désormais ls fibres optiques des câbles Internet. Si vous lisez cet article, il est probable que les données vous soient parvenues par l’un de ces « câbles de communication sous-marins » (SCC).
Ajoutez à cela les gazoducs, les infrastructures des parcs éoliens, les câbles électriques et bien d’autres choses encore. Nous sommes beaucoup plus dépendants des infrastructures des fonds marins qu’auparavant. Si la nature vitale de ces câbles et tuyaux pour les économies n’échappe pas aux gouvernements,  peu de pays sont équipés pour faire face à cette menace.

Désormais, les marines devront être en mesure de défendre et, en temps de guerre, d’attaquer les infrastructures des fonds marins. Certains, comme la Russie et les États-Unis, ont investi pendant des décennies et disposent de sous-marins spécialisés. D’autres grandes marines, comme le Royaume-Uni et la France, réinvestissent actuellement dans cette zone négligée au moyen de navires spécialisés.

En matière de  défense, les gouvernements voudront avoir la capacité d’inspecter et de réparer les infrastructures sous-marines comme celle d’enquêter sur les incidents. Sur le plan offensif, les missions pourront  inclure le placement de charges de sabotage ou de dispositifs d’écoute, et l’interférence avec les réseaux de capteurs ennemis. Ces besoins sont comparables à ceux de la guerre des mines et des contre-mesures associées.

Dans de nombreux scénarios défensifs, les navires de surface seront suffisants :  Ils utiliseront généralement des véhicules télécommandés (ROV) pour descendre vers les fonds. Les sous-marins offrent, eux,  l’avantage d’une plus grande discrétion et ils peuvent opérer par mauvais temps, lequel peut empêcher les navires de surface d’agir. Dans les missions offensives, la discrétion des sous-marins s’avérera utile. Le fait de disposer de sous-marins adaptés offrira aux états des options qu’ils n’ont peut-être pas actuellement.

Ainsi, comme par le passé où les missions des marines évoluaient rapidement les nations  se tourneront vers leurs sous-marins en service pour jouer un nouveau rôle. Et peu de sous-marins s paraissent aujourd’hui aussi bien adaptés que le A-26  suédois. 

Qu’est ce qui fait du A-25 un sous-marin particulièrement « fait pour » ?

C’est là que le design de l’A-26 peut prendre tout son sens. Car  il a été conçu,  dès l’origine,  pour s’adapter au mieux aux missions des forces spéciales et aux drones sous-marins. Ces caractéristiques, principalement le grand hangar entre les tubes lance-torpilles, pourront également être utiles dans la guerre des fonds marins. La Suède a déjà une longueur d’avance avec le développement du drone sous-marin filoguidé (ROV)  SAAB. Ce type d’engin  peut être lancé et mis en œuvre à partir de tube lance-torpilles de n’importe quel sous-marin.  De fait, il est à même d’exécuter des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) : il transmet en temps réel des données à haute résolution au sous-marin via un câble  sans risque de détection des signaux. Il peut également être utilisé pour récupérer d’autres engins sous-marins.

Mais il donne également au sous-marin la possibilité d’effectuer certaines missions de guerre sur les fonds marins. Il peut localiser et inspecter des tuyaux ou des câbles. Il pourrait être utilisé pour inspecter des infrastructures jusqu’à des  fonds de 500 mètres  ce qui permettrait atteindre n’importe quel endroit de la Baltique.

De plus, le  A-26 va franchir un nouveau palier. Son hangar, connu sous le nom de « compartiment pour charge utile variée », lui permet d’emporter  des véhicules sous-marins de plus grande taille. Il pourrait s’agir des systèmes Saab Double Eagle et Sabertooth. Ceux-ci peuvent être exploités à distance (comme un ROV) ou de manière autonome sans lien avec le sous-marin porteur. De gros objets pourraient être transportés et placés sur le fond marin à l’aide de ROV ou de drone. De mêmes objets  pourraient être récupérés et emportés. Ces véhicules sous-marins augmenteraient la portée du sous-marin. Certaines versions du Sabertooth peuvent plonger à 3 000 mètres.

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Poste torpilles du A-26. Notez la porte de fort diamètre du « hangar » entre les tubes lance-torpilles.

Il ne fait aucun doute que la guerre des fonds marins est, depuis peu, sortie de l’ombre. Les marines et les décideurs sont désormais alertés quant aux menaces qui pèsent sur les infrastructures sous-marines et à la nécessité de les protéger.

Cela entraînera-t-il des changements dans l’acquisition de sous-marins ?  Si c’est le cas, le A-26 pourrait se trouver bien positionné et, pour la Suède qui en a déjà en construction il offrira de nouvelles possibilités.

Source : H.I. Sutton, Naval News