Le sous-marin à missiles de croisière méconnu de la marine chinoise

Les sous-marins d’attaque chinois, tels le sous-marin de classe Shang de type 093, mettent l’accent sur les missiles de croisière anti-sous-marins. L’histoire des missiles antinavires lancés par les sous-marins de la marine chinoise (PLAN) remonte à celle d’un sous-marin des années 1980. L’unique Type-033G de la classe Wuhan a introduit le missile antinavire YJ-8.

Il semble que le projet ait été énoncé en 1976, parallèlement au missile YJ-8. La conversion d’une coque de type 033 dans la nouvelle configuration a commencé en 1980. En 1985, il était prêt pour les premiers essais de lancement. À l’époque, il s’agissait d’une avancée majeure pour la marine chinoise (PLAN).

Le type-033G avait une configuration similaire à celle de certains sous-marins soviétiques équipés de missiles de croisière. Comme les classes ECHO et JULIET, son armement en missiles était transporté dans des fûts étanches [et résistantes]extérieures à la coque épaisse. Une fois rangés, ils étaient disposés horizontalement, au ras de la coque. Pour tirer, le sous-marin devait faire surface. Les fûts étaient relevés à environ 20-30 degrés et les portes à chaque extrémité s’ouvraient. Le missile était alors tiré de la même manière que sur un navire de surface.

*Les premiers sous-marins soviétiques (russes) équipés de missiles de croisière avaient une configuration similaire de tubes de missiles escamotables. Les classes ECHO à propulsion nucléaire (illustrée ici) et JULIET à propulsion conventionnelle possédaient respectivement 8 et 6 tubes.

L’Union soviétique avait abandonné les missiles de croisière lancés en surface des décennies auparavant. Au lieu de cela, à partir des classes PAPA et CHARLIE, elle utilisait des fûts inclinés insérés en supersructures Ceux-ci étaient associés à des missiles pouvant être lancés lorsque le sous-marin était immergé.

Au moment où le Type-033G commençait les essais de missiles en 1985, les premiers sous-marins lanceurs de missiles de croisière de la classe OSCAR-II sortaient des chantiers navals soviétiques. Bien qu’ils soient similaires sur le plan conceptuel, les bateaux eux-mêmes étaient séparés par plusieurs générations. L’OSCAR-II, qui est toujours en service aujourd’hui, était lourdement armé de 24 missiles massifs P-700 Granit (SS-N-19 SHIPWRECK) destinés à couler les porte-avions. Ces missiles supersoniques pouvaient être lancés en immersion. Ils utilisaient une système de guidage interne et externe, ainsi qu’un système de tir en salve, pour atteindre des cibles situées au-delà de l’horizon. Le Type-033G, quant à lui, était armé de seulement six petits missiles YJ-8. Ceux-ci étaient relativement modernes, à peu près équivalents aux Exocet, mais avaient une portée assez courte. En effet, la désignation de tir était limité à la portée du radar du sous-marin.

Ainsi, à bien des égards, le Type-033G était obsolète avant même d’avoir quitté la planche à dessin. Il illustre parfaitement le retard pris par la Chine en matière de développement de sous-marins dans les années 1980. La coque de base, la classe ROMEO, était bruyante et généralement dépassée. L’ajout de missiles en conteneurs externes qui ne pouvaient être lancés qu’en surface l’assimilait à une conception russe du début des années 1960. Et il manquait toujours de capacités anti-sous-marines viables.

Mais c’est peut-être trop sévère Le Type-033G n’était pas destiné à devenir une classe majeure de sous-marins, du moins c’est ce qu’il semble. Il s’agissait plutôt d’une plate-forme d’essai pour validation du concept.

Toutes ces critiques ne signifient pas que le Type-033G n’était pas intéressant voire précieux pour la PLAN. Mais il est inévitable que l’on se souvienne de lui comme d’un objet anachronique, curieux plutôt qu’inspirant. Un tel sous-marin pourrait être facilement oublié, il est donc naturellement important de ne pas laisser cela se produire.

Au lieu des YJ-8 lancés en surface, l’avenir des missiles antinavires chinois lancés depuis un sous-marin réside dans le développement d’une version compatible avec les tubes lance-torpilles. Cela implique d’ajouter des ailes repliables et de l’enfermer dans un conteneur de lancement. Cette approche de base est la même que celle du Sub-Harpoon de la marine américaine et du célèbre SM39 Exocet français.

Le YJ-8 transporté à bord du Type-033G (en haut) avait des ailes fixes, ce qui signifie qu’il nécessitait un tube de lancement de grand diamètre. Les missiles plus récents transportés à bord des sous-marins modernes de la PLAN (en bas) ont des ailes pliables. Cela leur permet de s’insérer dans un conteneur de lancement qui est éjecté des tubes lance-torpilles.

Source : HI Sutton