AUKUS – L’Australie risque de ne pas recevoir de sous-marin prévient un ancien responsable de l’administration Trump.

Si l’on en  croit l’ancien fonctionnaire de l’administration Trump qui a inventé la notion d’ « Indo-Pacifique », terme qui définit  les discussions sur la sécurité et la diplomatie dans cette vaste région, l’Australie pourrait ne pas recevoir un seul sous-marin nucléaire dans le cadre du pacte de sécurité AUKUS

Randy Schriver, ancien secrétaire adjoint à la défense de l’administration Trump, a déclaré que « de multiples obstacles potentiels de toute part », dont l’opposition de la marine américaine et les changements politiques à Washington et Canberra, pourraient sonner le glas de la promesse de huit sous-marins à propulsion nucléaire.

Partisan de l’AUKUS, ce dernier   a déclaré au journal The Australian qu’il fallait « un engagement soutenu de la part des hauts dirigeants politiques des deux capitales, sinon les chances de voir l’Australie déployer ses propres sous-marins à propulsion nucléaire seraient réduites à néant ».

Dans un communiqué publié le mois dernier, la Maison Blanche a déclaré que l’Australie était sur la bonne voie pour recevoir un sous-marin à propulsion nucléaire au « plus tôt », mettant fin aux spéculations selon lesquelles les sous-marins arriveraient beaucoup plus tard et à un coût plus élevé que les  sous-marins conventionnels de conception française initialement commandés.

« Quelles que soient les retombées de l’AUKUS, nous devons réparer nos relations avec la France en Indo-Pacifique », a déclaré M. Schriver, notant que la France avait une présence plus importante en matière de sécurité et de population dans la région que le Royaume-Uni.

Aujourd’hui président de l’institut « Projt 2049 », laboratoire d’idées de Washington DC spécialisé dans les questions indo-pacifiques, M. Schriver a déclaré que l’idée de « louer » un sous-marin nucléaire américain, lancée par le ministre de la défense Peter Dutton et l’ancien premier ministre Tony Abbott, était « difficile mais pas impossible », ajoutant que « ce scénario pourrait impliquer la  présence à bord d’un équipage américain  qui pourrit éventuellement en avoir  le contrôle ».

L’annonce de l’AUKUS en septembre n’a pas précisé si le Royaume-Uni ou les États-Unis fourniraient la technologie nucléaire pour les sous-marins, quel en serait le prix et les dates d’acquisition ou  encore la proportion des sous-marins qui serait construite en Australie du Sud.

Kurt Campbell, conseiller en sécurité du président Biden pour la région indo-pacifique et pionnier de l’AUKUS, a déclaré en début de semaine dernière que les États-Unis devaient « être un meilleur shérif adjoint pour [l’Australie] » dans le Pacifique.

« Si vous regardez la zone de la planète où nous avons d’énormes intérêts moraux, stratégiques et historiques, où nous n’avons pas fait assez, [mais] où l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont fait beaucoup, nous devons considérablement améliorer notre jeu », a déclaré M. Campbell.

Charles Edel, de la chaire Australie au Centre d’études stratégiques et internationales, a déclaré que la partie sous-marine du pacte AUKUS aurait « peu de chances de se concrétiser » à moins que la Maison Blanche ne puisse surmonter le « défi bureaucratique » présenté par l’US Navy.

« Il n’est pas surprenant que la marine américaine soit extrêmement prudente à l’idée de partager son joyau technologique, … et cette hésitation serait due tant à des préoccupations de sécurité qu’à la protection de la technologie impliquée », a-t-il déclaré à The Australian.

Ancien officier du renseignement naval, M. Schriver, qui travaille en étroite collaboration avec Richard Armitage, secrétaire d’État adjoint du président George W. Bush, a également déclaré qu’il pensait que la Chine envisageait de s’emparer de Taïwan -une île que Pékin considère comme une démocratie renégate-  « sans combattre ». « La plupart de ce que nous observons aujourd’hui fait partie d’une campagne de pression visant à isoler Taïwan et à obtenir une capitulation politique – et non à préparer une invasion à court terme », a-t-il déclaré à The Australian.

Au cours de son mandat au ministère de la défense, M. Schriver a remplacé le terme Asie et Pacifique par Indo-Pacifique – une étiquette qui fait florès aux États-Unis comme en Australie – afin, selon ses propres mots  de « refléter plus précisément nos intérêts ».

Selon lui, « en vérité, le détroit de Malacca ne sépare pas le Pacifique de l’océan Indien mais les relie. Et nul ne le comprend mieux que l’Australie dont les rivages embrassent ces deux grands océans ».

Source : The Australian contributeur Alain Giuliani