La Russie contrainte de réduire le nombre de ses sous-marins en Méditerranée malgré le risque d’escalade en Ukraine

Le 24 septembre au matin, un sous-marin de la marine russe a navigué, en surface, au-delà de Gibraltar où il est sorti de la Méditerranée. Le bateau de classe Pr.636.3 Improved-KILO se dirige probablement vers la Baltique pour une maintenance indispensable. Il est accompagné d’un remorqueur de haute mer, Sergey Balk.

Le sous-marin amélioré de la classe KILO passe devant Gibraltar, à 8 h 45, heure locale, le 24 septembre 2022. Photo Michael J Sanchez (Twitter)

Il ne reste donc qu’un seul sous-marin KILO en Méditerranée.

C’est un mauvais timing du point de vue russe. Avec le retrait du croiseur de classe SLAVA Marshal Ustinov en août, elle affaiblit leurs forces dans la région. Celles-ci sont en grande partie là pour contrer et dissuader l’implication de l’OTAN en Ukraine. (Remarque : il s’agit d’un point de doctrine et de stratégie navale russe plutôt que d’un commentaire sur l’adéquation relative entre les forces russes et celles de l’OTAN).

Auparavant, la perspective d’une implication directe de l’OTAN, comme des frappes aériennes, s’est rapidement éloignée au début de la guerre. On pourrait donc dire que la mission du sous-marin était déjà accomplie, même si elle n’en constituait qu’une petite partie.

Mais alors que le Kremlin cherche désespérément une solution miracle, la Russie pourrait se retrouver face aux porte-avions de l’OTAN. D’aucuns pensent que si la Russie utilise des armes nucléaires tactiques, comme cela a été suggéré, les États-Unis et/ou l’OTAN seront contraints de répondre militairement. Peut-être des frappes conventionnelles contre des actifs russes de grande valeur en mer Noire. Quelles que soient les probabilités, il s’agit de scénarios auxquels Moscou sera confronté.
Les difficultés de la marine russe en Méditerranée

Ce scénario et d’autres semblent plus plausibles aujourd’hui qu’il y a un mois. Cela signifie que la Russie pourrait regretter d’avoir réduit ses forces en Méditerranée.

Mais elle doit le faire. L’explication la plus probable du départ du sous-marin est qu’il a besoin de maintenance. Les installations sont insuffisantes à Tartous, en Syrie, où il est basé.
Le sous-marin

Le sous-marin est soupçonné d’être le Krasnodar, qui se trouve en Méditerranée depuis plus d’un an, depuis août 2021. Il retournait ensuite en mer Noire après une maintenance dans la Baltique.

Le Krasnodar devait se rendre en mer Noire après un déploiement en Syrie (ce qui est controversé en vertu de l’accord de Montreux, mais pour une autre fois). Cependant, la Turquie a fermé le Bosphore, qui relie la Méditerranée à la mer Noire, aux navires de guerre après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le sous-marin a donc dû retourner dans la Baltique pour maintenance. Il s’agit d’un rappel utile que l’escadron de la Méditerranée ne dispose pas d’installations adéquates pour être autonome dans les opérations sous-marines. Contrairement à la mer Noire par exemple.

Les sous-marins sont l’épine dorsale de la puissance navale russe. Ce sont les unités les plus puissantes, et les sous-mariniers sont (dit-on) mieux traités que leurs frères de surface. Ces choses ne changeront peut-être pas, mais comme pour l’armée russe en général, les choses semblent sombres.

source : HI SUTTON