Expédition sur le sous-marin nucléaire Komsomolets coulé en mer de Norvège après un incendie

Le 7 avril 1989, le sous-marin d’attaque nucléaire soviétique Komsomolets sombrait en mer de Norvège après un incendie. À l’été 2019, les scientifiques norvégiens ont finalement eu la chance de voir, de leurs propres yeux, l’épave sur le fond et d’évaluer le niveau de rejets radioactifs du sous-marin.

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Image sonar multifaisceaux haute résolution du sous-marin nucléaire coulé Komsomolets sur le fond.
Photo: Institut de recherche marine / G.O. Sars et Université de Bergen / Ægir 6000

L’expédition de 2019 sur le Komsomolets a été organisée par le groupe d’experts norvégo-russes enquêtant sur la contamination radioactive dans les zones nordiques, avec des participants de l’Institut de recherche marine, de la Norwegian Radiation and Nuclear Safety Authority, de l’Université norvégienne des sciences de la vie et d’un observateur russe de l’Association de recherche et de production « Typhoon ». L’expédition a eu lieu avec le R.V. G.O. Sars et a utilisé le véhicule télécommandé (ROV) Ægir 6000 pour collecter des échantillons afin de détailler les niveaux de radioactivité dans l’environnement. Ces informations sont essentielles pour comprendre les risques potentiels associés au Komsomolets et garantir la confiance des consommateurs dans les fruits de mer norvégiens.

Après le naufrage du Komsomolets, plusieurs expéditions soviétiques et russes ont été effectuées entre 1989 et 2007 à l’aide de submersibles habités.

Les premières enquêtes ont montré que la partie avant du sous-marin avait subi des dommages considérables, avec des trous et des fissures dans la coque extérieure et la coque résistante. En 1994, les six tubes lance-torpilles, ainsi que certains trous dans la tranche torpilles, avaient été obturés pour réduire le flux d’eau de mer dans le compartiment des torpilles. Des rejets de radionucléides provenant du réacteur de Komsomolets ont été détectés dans un tuyau de ventilation qui « reliait » un compartiment voisin du réacteur à la mer.

Depuis 1990, na Norvège surveille annuellement l’environnement du Komsomolets et des rejets du réacteur ont, au tout début, été détectés dans les sédiments et les eux au voisinage du sous-marin . Cependant, depuis lors et jusqu’en 2018, tous les échantillons prélevés autour du Komsomolets montraient des niveaux de radionucléides normaux en mer de Norvège. Néanmoins, ces échantillons avaient été collectés à l’aide d’équipements traditionnels.

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Des échantillons d’eau ont été prélevés directement dans le tuyau de ventilation, où des rejets avaient été détectés plus tôt à l’aide d’échantillonneurs à seringue exploités par le ROV Ægir 6000. Photo: Institut de recherche marine / G.O. Sars et Université de Bergen / Ægir 6000

En 2019, le ROV Ægir 6000 a donné aux scientifiques norvégiens une première occasion de prélever des échantillons d’eau directement dans le tuyau de ventilation où des rejets avaient été détectés plus tôt, de prélever des échantillons de sédiments à moins d’un mètre du sous-marin aisni que des dépôts organiques sur la coque. Une vidéo du Komsomolets sur le fond marin montre clairement les dommages les superstructures et la coque résistante dans la section avant du sous-marin.

Les obturations des tubes lance-torpilles et du compartiment lance-torpilles installées par la Russie en 1994 étaient toujours en place. Les échantillons d’eau prélevés dans le tuyau de ventilation lors de la première plongée du ROV n’ont révélé aucun signe de rejet. Lors des plongées suivantes, cependant, un nuage sortant du tuyau de ventilation a été observé. Les échantillons d’eau prélevés dans le tuyau de ventilation lorsque le nuage était visible ont montré des niveaux de césium 137 entre 30 et 792 Bq / l, avec des niveaux plus faibles dans les échantillons prélevés dans le nuage à environ 40 cm au-dessus du tuyau de ventilation.

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Lorsqu’un « nuage » a été vu provenant du tuyau de ventilation (à droite), le césium-137 du réacteur de Komsomolets a pu être détecté dans l’eau de mer collectée. Photo: Institut de recherche marine / G.O. Sars et Université de Bergen / Ægir 6000

Bien que le taux maximum observé de césium-137 soit environ 800 000 fois plus élevé qu’en mer de Norvège (0,001 Bq / l), de tels rejets ne devraient pas avoir de conséquences pour le milieu marin en raison de la profondeur à laquelle le Komsomolets se trouve et de la dilution des rejets. On peut supposer que des rejets du réacteur se sont produits depuis que le Komsomolets a coulé en 1989. Pourtant, aucun taux anormalement élevé de radionucléides dans les sédiments, l’eau de mer ou les organismes marins n’a été observé dans la mer de Norvège pendant cette période. Tous les échantillons d’eau, de sédiments et de dépôts organiques seront désormais analysés plus en détail pour permettre de mieux apprécier les rejets du réacteur comme d’éventuels rejets de plutonium d’ogives nucléaires présentes dans leposte torpilles. Nous attendons un rapport final en 2020.

source : thebarentsobserver