Coup d’œil sur le sous-marin de classe SIERRA-I

Il faut une certaine confiance pour nommer un sous-marin le Barracuda. Il doit être rapide et avoir du mordant. Construits vers la fin de la guerre froide, lorsque les Soviétiques avaient enfin commencé à produire des sous-marins vraiment silencieux, les sous-marins de la classe Project 945 SIERRA-I étaient parmi les plus puissants de la flotte russe moderne. C’était le premier sous-marin russe à transporter 40 torpilles, soit plus du double de la charge de la classe VICTOR-III. Les torpilles étaient un mélange de torpilles standard de 533 mm (21″) et de torpilles anti porte-avions lourdes de 650 mm (26″) de type 65-76. Les tubes lance- torpilles étaient disposés avec de quatre 533 mm et quatre 650 mm.

Étant rare, ce type de sous-marin est souvent éclipsé par la classe AKULA Project 971, plus nombreuse. Conçu à peu près à la même époque mais par des bureaux d’études rivaux, le SIERRA-I était le modèle de luxe à coque en titane, tandis que l’AKULA était le bateau en acier moins cher.

Seuls les Russes ont investi dans la production de sous-marins à coque en titane. Les coques en titane sont beaucoup plus résistantes pour une épaisseur de métal donnée, ce qui permet d’obtenir soit des sous-marins plus légers (donc plus rapides comme les classes ALFA et PAPA), soit des sous-marins capables d’immersions plus grandes comme la classe MIKE. Il est également plus résistant à la corrosion et possède de meilleures propriétés pour la plongée. Mais il est plus cher et beaucoup plus difficile à travailler.

Pendant les dernières années de la guerre froide, les SIERRA-Is jouaient au chat et à la souris avec les sous-marins d’attaque de l’OTAN. Bien que les bateaux occidentaux aient bénéficié de nombreux avantages, les années de pistage facile des bateaux soviétiques étaient largement révolues. Les SIERRA-I étaient largement comparables à certains types de l’OTAN.

Comparaison avec l’AKULA

Le SIERRA a utilisé la coque en titane d’une manière destinée à permettre une plongée à la fois plus rapide et plus profonde. Mais ni aussi rapide que l’ALFA (40 noeuds), ni aussi profonde que le MIKE (1 000 m+), le résultat final sera un sous-marin avec un avantage, en performances marginal par rapport à l’AKULA à coque en acier, s’il y en a un.

Rétrospectivement, la classe SIERRA n’a pas eu autant de succès que l’AKULA et offrait moins de potentiel. La coque en titane était extrêmement difficile à construire et tous les bateaux devaient être construits sur un seul chantier. Le chantier lui-même limitait les dimensions maximales du sous-marin. Il devait donc être beaucoup plus petit que l’AKULA en termes d’espace intérieur. Cela s’est traduit par un bateau moins furtif, bien que le SIERRA soit encore très furtif par rapport aux générations précédentes.

La taille limitée limitait également le sonar à l’ancien MGK-500 SKAT du VICTOR-III. L’AKULA, quant à lui, était équipé de la dernière génération de MGK-540 SKAT. Le projet 945A SIERRA-II, qui a suivi, disposait du sonar avant du MGK-540 SKAT, sans les antennes de flanc de l’AKULA. Et cela s’est fait au détriment des tubes de torpilles de 650 mm. Le SIERRA-II n’avait donc que six tubes de 533 mm.

Avec la fin de la guerre froide, seuls quatre bateaux furent construits, deux SIERRA-I et deux SIERRA-II.

Le SIERRA-I « tue » un sous-marin d’attaque de la marine américaine de classe Los Angeles

Le jeu du chat et de la souris ne s’est cependant pas terminé avec l’effondrement de l’Union soviétique. Quelques mois seulement après la fin de la guerre froide, le 11 février 1992 à 20h16, heure locale, un sous-marin d’attaque de la classe Los Angeles, l’USS Baton Rouge, est entré en collision avec le K-276 « Kostroma », de la classe SIERRA-I, au large de l’île de Kildin. Les deux sous-marins ont subi des dommages modérés, le Baton Rouge ayant subi des déchirures sur l’étrave et le Kostroma un massif enfoncé. Le sous-marin russe a été réparé en quelques mois et est toujours en service ), tandis que le vieux sous-marin américain a également continué à naviguer pendant quelques années avant de prendre sa retraite.

Kostroma (ci-dessus) porte maintenant une marque de « 1 » sur le massif. L’objet retiré du massif est la nacelle de sauvetage qui permet à l’équipage de s’échapper si le bateau coule. Les derniers bateaux SIERRA-II avaient un massif plus long avec deux nacelles de sauvetage.

 Conception

Le massif du SIERRA-I était assez plat avec des lignes hydrodynamiques arrondies :

Les barres de plongée avant étaient complètement rétractables avec des volets profilés lorsqu’ils n’étaient pas déployés. De même, les ouvertures sur les superstructures étaient munies de continuités de forme améliorant ainsi l’écoulement et la discrétion. Le bateau était également recouvert d’épaisses tuiles de caoutchouc pour absorber les émissions sonar, mais beaucoup d’entre elles se détachaient de leur support et étaient rarement remplacées, laissant une finition de « marques au fer rouge » !

Comme l’AKULA et d’autres sous-marins soviétiques de troisième génération, les SIERRA portaient une bouée de communication, comme un petit cerf-volant remorqué au-dessus et sur l’arrière sous-marin, pour permettre les communications sans contraire le sous-marins à venir à faible immersion.

L’hélice a également été construite en titane afin d’éviter la corrosion causée par des métaux différents. L’hélice à six pales, montée à l’origine, n’avait pas les pales vissées ou contrarotatives comme la plupart des hélices russes de l’époque, ce qui pourrait indiquer la complexité des fabricants et/ou des machines disponibles pour fabriquer ces hélices en titane.

source: HI Sutton .