Camille, Harmonie et Pauline, pionnières sous les mers

Elles sont les premières femmes à avoir intégré l’équipage d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), « Le Vigilant ». Camille, Harmonie et Pauline reviennent d’une patrouille de deux mois et demi. Ouest-France les a rencontrées à l’Ile Longue, dans le Finistère.

Comme leurs 110 collègues masculins, Camille, Harmonie et Pauline ont eu le droit à un baptême en règle à leur arrivée à bord du Vigilant, l’un des quatre sous-marins nucléaires basés à l’Ile Longue, dans le Finistère.

« La désignation d’un parrain, et l’absorption d’un bol d’eau de mer et d’un verre de champagne », précise le capitaine de frégate Matthieu, commandant en second du bâtiment. Il assure que       « la vie à bord n’a en rien été modifiée par le fait de l’arrivée de femmes. »

Selon lui, « les interrogations des hommes venaient des côtés pratiques. Les couchages, les douches… Est-ce ce que cela allait perturber leurs habitudes ? Mais le SNLE est très bien conçu en termes d’habitabilité, et les officiers disposent de quartiers séparés. Tous ces doutes ont vite été levés. »

Tout comme les inquiétudes initiales des conjointes de sous-mariniers.

« Un rêve réalisé »

Les trois jeunes femmes, elles, sont unanimes. « C’est un rêve qui s’est réalisé. » En devenant les premières femmes officiers à intégrer l’équipage d’un SNLE, pour la dernière patrouille en date du Vigilant, elles sont entrées dans l’Histoire de la Marine.

« J’ai visité un sous-marin avec mes parents quand j’étais enfant, et cela m’a donné envie. Je me suis dit que plus tard, je ferai ça », sourit l’enseigne de vaisseau Camille (1), 29 ans, adjointe à l’officier lutte sous la mer, en charge de la maintenance et de l’exploitation des sonars, des périscopes et des torpilles. « Je ne regrette pas. J’ai trouvé ce que j’attendais. »

L’enseigne de vaisseau Harmonie, 27 ans, adjointe à l’officier énergie gérant les installations « sécurité – plongée » du bâtiment, attendait elle aussi cela depuis longtemps. « J’ai toujours voulu travailler dans un sous-marin. Quand les candidatures se sont ouvertes aux femmes en 2014, je n’ai pas hésité ».

La jeune femme poursuit : « On a été très bien accueillies et on s’est immédiatement intégrées. Tout s’est passé de manière fluide. »

Prêtes à repartir !

Pauline, 31 ans, est, elle, le médecin de bord du Vigilant. « Partir aussi longtemps sous l’eau, sans communication avec l’extérieur, cela peut générer des questions. Mais finalement on s’adapte très vite. On a un lien avec l’équipage, on s’installe dans une routine quotidienne. Dans un sous-marin, on ne s’ennuie jamais. »

Camille souligne que « deux mois et demi sous l’eau, c’est possible. Le métier est tellement passionnant… »

À l’heure du bilan, le capitaine de vaisseau Christian Houette, commandant de l’escadrille des SNLE de l’Ile Longue, souligne que les jeunes femmes ont toutes « remarquablement réussi leur parcours. On a eu le même niveau d’exigence avec elles que pour les hommes. » Il précise aussi qu’une deuxième patrouille mixte est en préparation. « D’autres femmes sont en formation, dans l’idée d’intégrer un SNLE. »

Camille, Harmonie et Pauline vont désormais participer à la phase d’entretien du Vigilant en, soutien de l’autre équipage, puis prendre du repos. Mais elles pensent déjà à la prochaine patrouille. « On a la fierté d’être intégrées à la famille des sous-mariniers », sourit Harmonie, qui se souvient du retour : « J’ai ouvert le panneau après le responsable d’installation. J’ai été la deuxième à prendre l’air frais et à voir le soleil. Un bon souvenir, mais on est déjà prêtes à repartir ! »

référence:  ouest-france.