Détecter des sous-marins toujours plus furtifs: la marine française va se doter de bouées « NG »


La marine française sera la première à être équipée de la bouée SonoFlash mise en œuvre par les ATL2 et les hélicoptères NH 90 (Image Thales)

La France va de l’avant avec un nouveau système de bouées . La bouée SonoFlash, développée par Thales, pourrait changer la donne recherchée par la Marine Nationale. Elle apporterait également la maîtrise dans le domaine stratégique de la lutte anti sous-marine.

Thales a remporté en janvier un contrat DGA pour le développement, la qualification et la production en série de la nouvelle bouée SonoFlash. Cette bouée active-passive révolutionnaire est un outil stratégique en complément des systèmes ASM actuellement déployés par la Marine nationale en offrant à la France une solution majeure pour les bouées acoustiques hautes performances.

La menace posée par les sous-marins évolue rapidement. Alors qu’il y a 30 ans, seules les superpuissances disposaient de véritables capacités sous-marines, aujourd’hui de nombreux pays déploient des flottes modernes et les certitudes antérieures de la lutte en haute mer s cèdent la place à des paramètres beaucoup plus complexes pour les systèmes sonar dans la lutte ASM par faibles fonds. En réponse à cette menace, Thales développe la SonoFlash, une bouée de nouvelle génération exploitant des décennies d’expertise en sondeurs et capteurs acoustiques.

Le SonoFlash sera entièrement produit en France et basé sur un réseau de sous-traitants impliquant plusieurs PME françaises telles que Telerad, Selha et Realmeca. Cela fait suite à l’engagement des autorités françaises en faveur d’une indépendance industrielle stratégique.

La France a cessé de produire ses propres bouées dans les années 90 en raison d’un besoin décroissant du produit. La marine française a alors commencé à utiliser des bouées américaines (Ultra et Sparton). Un nouveau besoin de bouées de fabrication française refait surface une quinzaine d’années plus tard. SonoFlash est la fruit de ce nouveau besoin (national).

S’adressant à Naval News lors d’un entretien téléphonique exclusif, Alexis Morel, vice-président directeur général de la branche Systèmes sous-marins chez Thales a déclaré:

«Nous avons regardé le marché, non seulement en France mais dans le monde, et avons constaté un réel besoin de performance ainsi qu’un besoin de plus de concurrence. Avec seulement deux acteurs principaux sur le marché, il y a très peu de concurrence. C’est alors que Thales a imaginé le projet SonoFlash. Il ramène en France une ligne de production souveraine et, en même temps ,il résout la situation du duopole ».

SonoFlash sera disponible à l’exportation vers les alliés, pour toutes les plates-formes aériennes actuelles et futures : PATMARS, hélicoptères ASM et drones (de surface comme à voilure tournante ou fixe).

La bouée SonoFlash travaille à des fréquences de 3 à 4 kHz garantissant de grandes portées de détection ( image Thales)

Alexis Morel s’attend à ce que les utilisateurs existants du sonar FLASH (plus de 10 marines dans le monde) soient des perspectives naturelles pour le SonoFlash. Des prix très compétitifs, devraient faire de cette bouée de Thales la nouvelle référence du marché. La société prévoit de faire la démonstration de la technologie SonoFlash à l’US Navy, via Advanced Acoustic Concepts (AAC), sa joint-venture avec DRS en charge de la commercialisation des technologies Thales éprouvées sur le marché américain. Une telle démonstration devrait avoir lieu vers 2023. Un autre marché probable pour le SonoFlash est la marine australienne en raison du centre d’excellence Thales qui s’y trouve. «C’est un grand atout pour le projet […] L’Australie sera parmi les premiers potentiels clients avec lesquels nous entamerons des discussions, quand ils seront prêts. Nous considérons l’Australie comme un marché intérieur chez Thales… » . Cependant, A.Morel a insisté sur le fait que pour l’instant la priorité est le client initiateur : la Marine nationale.

Concernant les besoins du marché mondial des bouées, A. Morel a expliqué que:

«Nous avons évalué besoin à des dizaines de milliers… notre objectif chez Thales est d’en produire plusieurs milliers. Dimensionner notre ligne de production initiale pour livrer des dizaines de milliers de bouées n’aurait aucun sens pour nous. L’investissement serait disproportionné par rapport à notre marché naturel, la marine nationale, suivie des nations alliés de l’OTAN, utilisatrices actuelles du FLASH.

Selon Thales, la conception innovante et la technologie révolutionnaire du SonoFlash intègrent plusieurs fonctionnalités clés qui offrent des performances inégalées. Les bouées actuelles sont soit passives, soit actives, mais le SonoFlash combine les deux modes en une seule bouée : un émetteur basse fréquence optimisé et puissant allié à un récepteur passif au gain de directivité élevé. La combinaison de ces deux capacités et une grande endurance rend la bouée SonoFlash très polyvalente.

La campagne d’essais, dont plusieurs essais en mer à partir d’aéronefs et d’hélicoptères, a déjà eu lieu au cours des deux dernières années. La marine française sera la première à être équipée du SonoFlash, qui sera déployé à bord des ATL2 modernisés et de l’ hélicoptère NH90 NFH . Les premiers prototypes seront livrés à la marine en 2022 pour des tests opérationnels. La ligne de production sera opérationnelle en 2023. La production de présérie débutera en 2024. La production en série et les livraisons initiales devraient démarrer en 2025.

Source : Naval News