Le premier Scorpène au monde : le SS-23 « O’Higgins » 20 ans de voyage dans les profondeurs
En décembre 1997, la marine chilienne a signé un contrat pour la construction de deux nouveaux sous-marins conventionnels, dotés d’une technologie de pointe et représentant l’état de l’art pour leur type. La construction de la première coque a débuté en 1998 au chantier naval de Cherbourg, en Normandie. Le premier d’entre eux, le SS-23 « O’Higgins », a été lancé le 23 octobre 2003. L’équipage d’essai s’est rendu en France pour recevoir la formation nécessaire et effectuer des essais en mer, un processus qui a duré près de deux ans.
Le mystique
L’incorporation d’une nouvelle unité navale ne se limite pas à sa construction, ses essais, son entraînement ou le hissage du drapeau national. Elle exige également de forger son identité, de construire sa mystique et de consolider son esprit. Dans ce contexte, les premiers élèves-officiers du sous-marin – le sous-lieutenant Juan Cristóbal Sepúlveda et le sous-lieutenant Jonathan Gruen – ont offert, en offrande, un agneau rôti à Las Canchas de Talcahuano. C’est lors de cette journée de camaraderie qu’est né l’hymne « O’Higgins », dont la musique a été composée par le sous-marinier et pianiste vice-amiral Arturo Oxley Dueñas.
Parmi les autres éléments qui contribuent à la mystique du « O’Higgins », son drapeau se distingue : les lions de Normandie sur fond rouge, héritage de son origine, qui flottent toujours sur le mât tribord de la passerelle, à côté du fanion de commandement. Il convient également de souligner la célébration annuelle organisée par l’équipage pour saluer les efforts des femmes O’Higgins, compagnes de toujours de ce groupe de marins sélect, dont le soutien rend possible le sacrifice de chaque sous-marinier pour son pays. Enfin, il y a l’étoile. Chaque sous-marinier ayant fait partie de l’équipage du « O’Higgins » sait qu’il existe quelque chose qui le protège et qui, le moment venu, le guidera sur le chemin de la victoire. Cette chose a été appelée, tout simplement, l’étoile « O’Higgins ».
Premier réaménagement
Pour un sous-marin, la période de carénage consiste en une phase de maintenance de haut niveau, réalisée à la fin d’un cycle opérationnel, et impliquant des travaux particulièrement complexes, tels que le remplacement des batteries, la modernisation des systèmes obsolètes et l’inspection structurelle de la coque. Ce processus permet également l’intégration de nouvelles technologies qui maintiennent le sous-marin à jour face aux scénarios de guerre modernes.
Après avoir achevé son premier cycle opérationnel, après près de neuf ans de navigation sur les mers nationales, d’Arica au Cap Horn, le « O’Higgins » a entamé, le 23 avril 2014, sa première remise en état, réalisée aux chantiers navals ASMAR de Talcahuano. Au cours de cette première remise en état d’un sous-marin de classe Scorpène au monde, ses systèmes et équipements ont été modifiés à tel point que le sous-marin a été réduit à l’état de tube. La complexité du processus auquel le « O’Higgins » a été soumis illustre les capacités techniques et logistiques du chantier naval. Celles-ci, conjuguées à l’engagement de l’équipage et des autres services de la Marine, ont permis de mener à bien la tâche dans les délais impartis, assurant ainsi l’exploitation du sous-marin jusqu’en 2025.
Les sous-marins du futur
Le vendredi 25 juillet dernier, le sous-marin « O’Higgins » a achevé avec succès son deuxième cycle opérationnel, au cours duquel il a effectué de nombreuses missions à travers le pays. Au cours de ces 20 années, l’unité a mené à bien un large éventail de missions à travers le pays, notamment des opérations telles que la surveillance du trafic marchand et des flottes de pêche, des exercices internationaux, etc. Ces activités, menées d’Arica au Cap Horn, en passant par tous les territoires insulaires, démontrent la polyvalence, la capacité de dissuasion et la ténacité des équipages de la Force sous-marine.
De même, le « O’Higgins » a joué un rôle fondamental dans la formation des sous-mariniers, servant de sous-marin-école à des dizaines de nouveaux spécialistes. Il a récemment livré trois nouveaux sous-mariniers à la Force sous-marine : les sous-lieutenants Diego Neira, Nicolás Monrás et Joaquín Chiminelli. À propos de son expérience d’étudiant, le sous-lieutenant Monrás souligne : « Prendre ma spécialité à bord du SS 23 « O’Higgins » a été l’une des expériences les plus marquantes et les plus stimulantes de ma vie personnelle et professionnelle. Cette année, le « O’Higgins » célèbre ses 20 ans de service, consolidant ainsi sa position de pilier fondamental de la puissance navale sous-marine chilienne. Avoir eu la chance de faire partie de son équipage pendant ma formation m’a non seulement permis de découvrir les capacités avancées de cette unité, mais aussi de forger mes horizons dans un environnement où le professionnalisme, la rigueur technique et le travail d’équipe sont les plus élevés. »
Selon son commandant, le capitaine de frégate Germán Otazo, « Cette année, nous commémorons les deux décennies de l’entrée en service actif du premier sous-marin de classe Scorpène au monde, le O’Higgins, dans la marine chilienne. Cela marque 20 ans de défense acharnée de la souveraineté nationale, guidée par le professionnalisme et la loyauté de tous ceux qui ont été et continuent d’être des O’Higgins. » En tant que commandant de cette unité de combat, je ne peux qu’exprimer la profonde fierté de diriger un groupe extraordinaire de marins qui, travaillant en équipe, ont excellé dans chacune des missions qui leur ont été confiées, faisant preuve d’engagement, de préparation et d’un esprit de corps indéfectible.
Il ajoute que « ce nouvel anniversaire marque non seulement une étape technologique et opérationnelle importante, mais aussi un témoignage vivant des efforts dévoués et silencieux de tous les sous-mariniers qui ont servi à bord du O’Higgins. À eux, à ceux qui honorent quotidiennement la tradition sous-marine de notre Marine, je présente mes plus sincères remerciements, car naviguer sous la mer exige bien plus que de l’habileté : cela exige conviction, camaraderie et un profond amour de sa patrie. »
Renouvellement des unités
Compte tenu de l’historique de service global du sous-marin « O’Higgins », un avenir prometteur est prévu pour la Force sous-marine, qui compte quatre sous-marins : deux de classe Scorpène (« Carrera » et « O’Higgins ») et deux de classe 209 (« Simpson » et « Thomson »). Ces derniers, d’origine allemande, servent le pays depuis 41 ans. Si ces deux unités bénéficient d’une technologie moderne qui leur a permis d’améliorer leurs performances, le contexte actuel d’expansion technologique croissante, la nécessité d’intervenir dans une multitude de missions et les caractéristiques uniques de leurs systèmes rendent leur remplacement nécessaire dans un avenir proche.
Dans ce contexte, les nouvelles générations d’équipages seront confrontées à des défis comparables à ceux relevés par le premier équipage du « O’Higgins » lors de la construction, des essais en mer et de l’exploitation du premier sous-marin de classe Scorpène au monde. C’est pourquoi la Marine a lancé un projet de rénovation des 209 sous-marins et de maintien de cette force de quatre unités. Cela garantit leur capacité de déploiement en tout point du vaste territoire maritime chilien et préserve leur capacité de dissuasion, essentielle face aux défis futurs du pays.
Selon le commandant en chef de la force sous-marine, le contre-amiral Federico Saelzer, « la marine chilienne a entamé les premières phases du projet qui permettra le renouvellement des 209 sous-marins, garantissant ainsi à l’avenir une force sous-marine de quatre unités, déployables partout dans notre vaste géographie maritime ou là où l’État chilien le requiert. Ce renouvellement est essentiel pour que la marine conserve une capacité de dissuasion pertinente et une puissance navale équilibrée face aux défis futurs. »
source : el schnorkel Vigia